Le murmure des mers de Caladan
Arrakis, en l’an 10191 du calendrier impérial…
Arrakis… depuis toujours appelée Dune…
La caverne du Mur du Bouclier était sombre et sèche, scellée par une avalanche. L’air y avait un goût de granit. Les soldats Atréides survivants étaient blottis dans le noir pour conserver leur énergie tandis que leurs brilleurs se recyclaient.
Au-dehors, les salves des Harkonnen continuaient de pilonner le trou verrouillé derrière lequel les Atréides avaient cherché refuge. De l’artillerie ? Quelle surprise d’être attaqué par une technologie qui semblait périmée… mais pourtant efficace. Durement efficace.
Dans les poches de silence qui ne duraient que quelques secondes, la jeune recrue Elto Vitt, allongée dans la souffrance, écoutait les plaintes des hommes blessés, terrifiés. L’air lourd, empuanti, pesait sur lui, accroissant la douleur brûlante de ses poumons. Il avait dans la bouche un goût de sang, une humidité indésirable dans l’aridité totale.
Son oncle, le sergent Hoh Vitt, n’avait pas eu l’honnêteté de lui dire que ses blessures étaient graves, confiant en la jeunesse et la résistance d’Elto. Elto soupçonnait qu’il était en train de mourir et il n’était pas seul à le soupçonner. Ces soldats de l’ultime bataille étaient tous mourants, à cause de leurs blessures, de la faim ou de la soif.
La soif.
Une voix s’éleva dans l’obscurité, celle du fusilier Deegan :
— Je me demande si le duc Leto s’en est sorti. J’espère qu’il est en sûreté.
Un grommellement rassurant. Le signaleur Scovich, qui jouait avec les cages de hanche flexibles où étaient enfermées deux chauves-souris distrans, des créatures dont le système nerveux pouvait porter des messages inscrits.
— Maudits Harkonnen ! (Le fusilier Deegan eut un début de sanglot.) J’aimerais tant qu’on retourne sur Caladan.
Le sergent d’intendance Vitt n’était plus qu’une voix désincarnée dans l’ombre, installé confortablement tout près de son jeune neveu.
— Tu entends le murmure des mers de Caladan, Elto ? La marée qui monte, les vagues ?
Le jeune homme se concentra. Oui, le fracas incessant des obus était comme le tonnerre du ressac sur les récifs noirs, tout en bas de la falaise du Castle Caladan.
— Peut-être, dit-il.
Mais ce n’était pas vrai, pas réellement. La similitude était mince, et son oncle, un Maître Jongleur… un extraordinaire raconteur… n’était pas au mieux de ses capacités, bien qu’ici, il aurait pu exiger un public plus attentif. Mais il semblait abasourdi par les événements, bizarrement calme, peu enclin au contact, contrairement à son habitude.
Elto se souvenait d’avoir couru pieds nus sur les plages de Caladan, le monde des Atréides, si loin de ce caveau désolé de dunes, de vers géants et d’Épice. Enfant, il avait joué dans l’écume des vagues, évitant les pinces des crabes tellement nombreux qu’il pouvait en ramasser pour un repas en quelques minutes.
Ces souvenirs étaient plus vifs que ce qui venait de se passer…
L’alarme avait retenti au milieu de la nuit, ironiquement durant le premier sommeil d’Elto Vitt dans les baraquements d’Arrakeen. Un mois seulement auparavant, avec d’autres recrues, il avait été assigné sur cette planète désolée et avait dit au revoir à la resplendissante Caladan. Le duc Leto Atréides avait été nommé gouverneur d’Arrakis, la source unique d’Épice de l’univers, une faveur de l’Empereur Shaddam IV.
Pour la plupart des soldats Atréides, cela était apparu comme une opération financière d’envergure – ils étaient à l’écart de la politique… et ne connaissaient rien du danger. Apparemment, le duc Leto n’avait pas conscience du péril qui le guettait, lui non plus, car il était arrivé avec sa concubine, Dame Jessica, et leur fils de quinze ans, Paul.
Quand les cloches retentirent, Elto s’arracha à son lit de camp. Son oncle, Hott Vitt, en uniforme flamboyant de sergent, hurlait à tous les échos : « Vite ! Vite ! On fait vite ! »
Les gardes de la Maison Atréides empoignaient leurs uniformes et leurs armes. Elto se rappelait avoir grogné, irrité par ce qui n’était sans doute qu’un exercice… Il l’espérait fermement.
Gurney Halleck, le maître d’armes noueux, surgit dans la caserne en braillant des ordres. Il était rouge de colère et la cicatrice grenat de vinencre était comme un éclair gravé sur son visage.
— Les boucliers de la Maison sont désactivés ! Nous sommes sans protection.
Les équipes de sécurité étaient censées avoir neutralisé tous les pièges, les yeux-espions et les dispositifs d’assassinat laissés par les redoutables Harkonnen. Et Gurney se déchaînait.
Des explosions retentirent au-dehors, secouant les baraques et les fenêtres de plass blindé. Les ornithoptères d’assaut de l’ennemi tournaient au-dessus du Mur du Bouclier. Ils venaient sans doute d’une base Harkonnen de la cité de Carthage.
— Préparez vos armes ! hurla Gurney.
Le bourdonnement des lasers envahissait maintenant les murs de pierre d’Arrakeen, les bâtiments flambaient, des éruptions orange fracassaient les fenêtres, décapitaient les tours d’observation.
— Il faut défendre la Maison Atréides !
— Pour le duc ! cria Oncle Hoh en écho.
Elto tirait sur la manche de son uniforme noir et ajustait la crête de faucon des Atréides sur son torse avant de coiffer sa casquette. Tous les autres avaient déjà chaussé leurs bottes et engagé leurs packs de chargement dans leurs fusils laser. L’esprit tourbillonnant, Elto se démenait pour rattraper les autres. Son oncle avait joué de son influence pour le faire nommer ici, dans ce corps d’élite. Les autres étaient minces et vigoureux, la crème des forces Atréides. Il ne leur ressemblait guère.
Le jeune Elto avait été excité à l’idée de quitter Caladan pour Arrakis. Il n’avait jamais embarqué à bord d’un long-courrier de la Guilde, jamais il n’avait été aussi près d’un navigateur mutant qui pouvait plisser l’espace avec son seul esprit. Avant de quitter son monde océanique, il n’avait passé que quelques mois à observer l’entraînement des autres, à manger en leur compagnie, à dormir sur un lit de camp, à écouter leurs récits épiques et colorés des grandes batailles auxquelles ils avaient participé au service des ducs Atréides.
Sur Caladan, jamais Elto ne s’était senti en danger mais, après quelque temps sur Arrakis, tous étaient devenus sombres et perturbés. Des rumeurs couraient, des événements suspects se propageaient. Au début de la soirée, à l’heure du coucher, les hommes s’étaient montrés agités mais peu bavards, que ce soit à cause des ordres stricts du commandant ou parce que personne ne semblait avoir d’informations détaillées. Ou alors, parce que Elto était un nouveau camarade sans expérience qui n’avait pas fait ses preuves, ils lui battaient froid…
À cause des circonstances du recrutement, ils avaient été plusieurs à le tenir à l’écart. Ils se moquaient ouvertement de ses performances d’amateur en se demandant pourquoi le duc Leto avait pu accepter un tel novice dans leurs rangs. Un nommé Forrie Scovich, spécialiste des communications et signalisations, avait fait semblant d’être son ami et lui avait glissé de fausses informations, une plaisanterie malveillante. L’Oncle Hoh avait mis un terme à cela. Avec ses talents de Jongleur, son habileté à propager des rumeurs à l’écart de tout témoin, à cause des anciens interdits, il était capable d’infliger à n’importe qui de terribles cauchemars durant des semaines… et tous le savaient.
Les hommes du corps d’élite Atréides redoutaient et respectaient leur sergent d’intendance, mais même les plus accommodants se refusaient à donner un traitement préférentiel à son neveu. Il était évident qu’Elto n’était pas des leurs, qu’il n’était pas un baroudeur redoutable, né pour le combat.
Dès que les gardes de la Maison Atréides surgissaient hors des baraquements, ils étaient totalement vulnérables à une attaque aérienne à cause de l’absence de boucliers. Ils savaient tous que cela ne pouvait s’expliquer par une défaillance technique, pas après ce qu’ils avaient entendu ou pressenti. Comment le duc Leto Atréides, dont les capacités avaient fait leurs preuves, avait-il pu permettre cela ?
Bouillant de rage, Gurney Halleck gronda à haute voix :
— Aye, nous avons un traître parmi nous !
Sous la clarté des projecteurs, les troupes Harkonnen en uniforme bleu chargeaient sur le terrain. D’autres transporteurs se posaient, dégorgeant de nouvelles sections d’assaut.
Elto saisit son fusil laser en essayant de se souvenir des exercices et de sa période d’instruction. Un jour, s’il survivait, il savait que son oncle composerait une fresque sur cette bataille, sur les fumées, les explosions, les sifflements des lasers, illustrant son rang d’Atréides et sa loyauté envers le duc.
Les forces Atréides s’engouffraient dans les rues, évitant les explosions, se battant avec acharnement pour contre-attaquer. Les tirs des lasers traçaient des arcs d’un bleu éblouissant dans le ciel de nuit. En hurlant, les soldats d’élite rejoignirent le front des combats – mais Elto ne se faisait pas d’illusions : ils étaient largement dominés en nombre dans cette attaque surprise. Privée de boucliers, Arrakeen avait déjà reçu un coup mortel.
Elto cligna des yeux dans la caverne et discerna une lumière. Un bref élan d’espoir s’éteignit : ce n’était qu’un brilleur qui flottait au-dessus de lui. Non pas le jour.
Son oncle était assis non loin de là, le regard perdu. Il avait une longue cicatrice sur la joue.
Au cours des brefs exercices d’inspection, Elto avait rencontré Gurney Halleck ainsi que les autres membres importants de la sécurité du duc, tout particulièrement le fameux maître d’escrime Duncan Idaho et le vieux Mentat assassin Thufir Hawat. Le duc Leto inspirait une telle loyauté à ses hommes, suscitait une telle confiance parmi son entourage qu’Elto n’avait jamais osé imaginer qu’un personnage aussi puissant pût chuter.
L’un des experts de la sécurité avait été pris au piège ici avec le reste de son détachement. Scovich l’affronta, la voix rauque, agressif.
— Comment les boucliers ont-ils été neutralisés ? C’est le coup d’un traître, quelqu’un qui vous aura échappé.
Dans les cages qu’il portait en permanence, les chauves-souris distrans s’agitaient.
— Nous avons fouillé systématiquement le palais, dit l’homme, plutôt fatigué qu’agressif. On a trouvé des dizaines de pièges, mécaniques et humains. Quand le chercheur-tueur a failli tuer Maître Paul, Thufir Hawat a offert sa démission, mais le duc l’a refusée.
— Eh bien, vous n’avez pas trouvé tous les pièges, grommela Scovich, cherchant une excuse pour une empoignade.
« Vous étiez supposés repousser les Harkonnen au large. »
Le sergent Hoh Vitt s’interposa entre les eux hommes avant qu’ils n’en viennent aux mains. »
— Nous ne pouvons nous permettre de nous battre entre nous. Il faut serrer les rangs si nous voulons nous en sortir.
Mais il lut sur le visage des deux hommes la certitude qu’ils ne sortiraient jamais de ce piège mortel.
Avram Fultz, un ingénieur de combat musclé, se déplaçait dans la faible lumière avec un instrument improvisé pour mesurer l’épaisseur de la paroi rocheuse.
— Trois mètres de roche bien solide, dit-il en montrant les blocs qui avaient obstrué l’entrée de la caverne.
« Ici, j’ai deux mètres et demi, mais ces blocs sont dangereusement instables. »
— Si nous tentions une sortie de face, nous serions aussitôt sous le feu des Harkonnen, de toute façon, dit le fusilier Deegan, la voix frémissante.
L’Oncle Hoh activa un second brilleur qui le suivit tandis qu’il gagnait une courbe du tunnel.
— Si je me souviens bien du plan des tunnels, de l’autre côté de ce mur il y a une cache. Avec de la nourriture, des médicaments… et de l’eau.
Fultz balaya la roche avec son scanner spécial. Elto, incapable de faire un mouvement dans son lit, abruti par les antidouleur, observait. Cela lui rappelait les pêcheurs de Caladan quand ils utilisaient des résonateurs de fond dans la barrière riche en bancs.
— Sergent, dit Fultz, vous avez choisi un secteur en sécurité pour cette cache. Quatre mètres de bonne roche. Les forages nous ont séparés.
Deegan, qui semblait au bord de l’hystérie, gronda : « Cette eau et ces provisions pourraient aussi bien se trouver dans le Palais impérial de Kaitain. Jamais les Atréides ne pourront survivre sur Arrakis ! »
Le fusilier avait raison, songea Elto. Les soldats Atréides étaient combatifs, expérimentés, mais sur cette planète, dans cet environnement hostile, ils étaient comme des poissons hors de l’eau.
— Jamais je ne me suis senti bien ici, geignit Deegan.
— Mais qui t’a demandé d’être bien ? grinça Fultz en repoussant son scanner. Tu es un soldat, pas un prince qu’on dorlote.
Les émotions brutes de Deegan s’achevèrent en un discours extravagant :
— J’aurais aimé que le duc n’accepte pas l’offre de Shaddam d’installer ici les Atréides. Nous aurions dû comprendre que c’était un coup monté. Jamais nous ne pourrons survivre ici !
Il se leva avec des gestes frénétiques, comme un épouvantail.
Elto haussa la voix pour dominer sa douleur.
— Nous avons besoin de l’eau, de la mer. Est-ce que l’un d’entre vous se souvient de la pluie ?
— Moi, je m’en souviens, gémit Deegan.
Avec un glapissement étrange, il se précipita vers le mur de pierre, et cogna avec ses mains tout en donnant des coups de pied. Il se déchira les ongles, et martela avec ses poignets en laissant des traces sanglantes. Un soldat le traîna à l’écart et le roula au sol. Un autre, spécialiste du combat main à main, issu de la célèbre École des maîtres d’escrime de Ginaz, ouvrit un des derniers medpacks et injecta à Deegan un sédatif puissant.
L’artillerie de l’ennemi résonnait toujours. Est-ce qu’ils ne s’arrêteront jamais ! Il eut la sensation qu’il était enfermé dans cet enfer pour l’éternité, prisonnier d’un fragment de temps dont nul ne pouvait s’échapper. C’est alors qu’il entendit la voix de son oncle…
Agenouillé près du fusilier, l’Oncle Hoh murmura à son oreille :
— Je vais te raconter une histoire.
Ce conte était entre eux uniquement, même si le ton du Jongleur était si intense qu’il semblait brasiller dans l’air épais. Elto saisit quelques mots à propos d’une princesse endormie, d’une cité secrète magique, d’un héros perdu du Jihad Butlérien qui avait sombré dans l’oubli jusqu’à se réveiller pour sauver l’Imperium. Quand Hoh Vitt acheva son récit, Deegan avait à nouveau sombré dans la stupeur.
Elto se doutait de ce que son oncle avait fait, qu’il avait rejeté l’ancienne prohibition contre l’usage des pouvoirs interdits de la planète Jongleur, la demeure ancestrale de la famille Vitt. Leurs regards se rencontrèrent dans la faible clarté et Elto lut la peur dans les yeux brillants de son oncle. Mais il avait été conditionné depuis l’enfance et il s’efforça de ne plus penser au danger, car lui aussi était un Vitt.
Au lieu de cela, il visualisa les événements qui s’étaient passés quelques heures auparavant…
Dans les rues d’Arrakeen, certains soldats Harkonnen s’étaient battus de façon étrange. Le corps d’élite des Atréides avait épaulé ses fusils laser pour contrer les tirs ennemis. Les jets d’énergie crépitants contrastaient avec les cris et les explosions des obus d’artillerie anciens.
— Protégez-vous – et ne les sous-estimez pas ! hurla Halleck de sa voix de maître d’armes habitué au commandement.
« Ils sont en formation de Sardaukars ! »
Elto frémit en pensant aux troupes d’assaut de l’Empereur, considérées comme invincibles. Les Harkonnen auraient appris les techniques des Sardaukars ! Ses pensées tournoyaient.
Le sergent Hoh Vitt prit son neveu par l’épaule et le poussa vers un autre détachement. Tous les hommes s’étonnaient plus des tirs de mortiers primitifs que des mitraillades des ornis d’assaut.
— Pourquoi se serviraient-ils de l’artillerie, mon oncle ? cria Elto qui ne s’était pas encore servi de son fusil laser. Ces armes n’ont pas servi depuis des siècles.
Même s’il n’était guère brillant sur le terrain, il connaissait au moins son histoire militaire.
— Maudits Harkonnen ! Ils ont toujours de nouveaux plans, de nouvelles astuces.
Toute une aile du palais d’Arrakeen s’était embrasée, dévorée par des flammes orange.
Tandis que les combats de rue se poursuivaient, les Harkonnen traversèrent une intersection et les hommes de Halleck chargèrent. Elto fit feu sur le front bleu des ennemis et l’air crépita devant lui dans une trame ardente de tracés blanc-bleu. Il tira une nouvelle fois.
Scovich le repoussa.
— Pointe cette saleté ailleurs ! C’est des Harkonnen que tu dois abattre !
Sans un mot, l’Oncle Hoh saisit le fusil d’Elto et mit ses mains en bonne position, régla le tir et lui donna une tape dans le dos. Elto tira une troisième fois et abattit un soldat Harkonnen.
Gurney se porta au-devant du détachement.
— Sergent Vitt, prenez des hommes avec vous et allez protéger les tunnels du Mur du Bouclier et nos entrepôts de ravitaillement. Assurez-vous de nos positions de défense et maintenez le feu pour repousser cette artillerie.
Au plus fort de la bataille, le sergent Hoh Vitt leur avait crié de doubler le pas pour remonter la route de la falaise. Le détachement avait quitté les murs d’Arrakeen dans la clarté des brûleurs qui montraient des chaînes de lucioles : des civils qui tentaient d’atteindre la sécurité de la barrière montagneuse.
Haletajt refusant de faiblir, ils avaient pris de l’altitude et Elto baissa les yeux sur la garnison qui brûlait. Les Harkonnen voulaient que la planète leur revienne et éliminer la Maison Atréides. Le serment de sang entre les deux familles nobles remontait au Jihad Butlérien.
Le sergent Vitt atteignit un accès camouflé et entra le code. Tout en bas, la fusillade faisait rage. Un ornithoptère d’assaut frôla les rochers noirs de la montagne. Scovich, Fultz et Deegan ouvrirent simultanément le feu, mais l’appareil se rabattit – non sans avoir repéré leur position.
Alors qu’ils étaient au seuil de la caverne, Elto prit un moment pour relever les positions des plus proches pièces d’artillerie. Elles étaient au nombre de cinq, des batteries qui tiraient d’antiques obus à poudre, au hasard, sur Arrakeen. Les Harkonnen ne semblaient pas s’inquiéter des dommages qu’ils infligeaient. Puis, les deux canons les plus puissants pivotèrent pour viser le Mur du Bouclier. Ils crachèrent des flammes, suivies par des roulements de tonnerre et des charges explosives tombèrent en averse sur les issues de la caverne.
— À l’intérieur ! tonna le sergent Vitt.
Les autres obéirent, mais Elto resta immobile sur place. D’un seul coup, la longue file des civils s’écarta des sentiers d’accès. L’artillerie continuait de pilonner la falaise et concentra bientôt ses tirs sur la position occupée par les soldats.
La portée de tir du fusil laser d’Elto était au moins aussi longue que celle des obus Harkonnen. Il visa et tira, crachant un jet permanent sans trop espérer. Mais l’onde de chaleur toucha les explosifs des obus anciens et la détonation qui suivit déchira une brèche dans le canon mammouth.
Il se retourna avec un sourire de triomphe et cria en direction de son oncle mais c’est alors qu’un autre obus de gros calibre tomba sur l’entrée de la caverne. L’explosion projeta Elto vers le tunnel alors qu’une avalanche de rochers roulait vers le bas. Il fut atteint. Les ondes de choc secouèrent toute une partie du Mur du bouclier. Le contingent Atréides était bloqué à l’intérieur…
Au bout de quelques jours dans la caverne, qui était désormais une crypte, l’un des brûleurs flancha et on ne parvint pas à le recharger. Les deux autres ne diffusaient plus qu’une clarté vacillante dans la salle principale. Elto était allongé et un medic junior le soignait avec les médicaments disponibles. La douleur d’Elto s’était atténuée, ce n’était plus la morsure du verre brisé mais le froid, un froid noir qui semblait plus facile à supporter… mais il rêvait constamment d’une gorgée d’eau !
L’Oncle Hoh partageait sa peine mais ne pouvait rien faire.
Deux soldats silencieux avaient tracé avec leurs doigts une grille dans la poussière. En se servant de la lumière et des cailloux noirs, ils improvisèrent un jeu de go, très ancien, qui datait de la Vieille Terre.
Tous attendaient – non pas des secours, mais la sérénité de la mort, ou une chance de fuite.
Les tirs d’artillerie venaient enfin de cesser. Elto, amer, savait que les Atréides avaient perdu. Gurney Halleck avait dû périr avec son corps d’élite et le duc et les siens étaient morts ou prisonniers. Aucun des loyaux soldats Atréides ne se risquait à espérer que Leto, Jessica et Paul aient pu réchapper à la bataille.
Le signaleur Scovich arpentait le périmètre, se risquant dans les craquelures et les murs effondrés. Finalement, après avoir inscrit prudemment les distrans dans les schémas vocaux des chauves-souris, il les libéra. Les petites créatures tourbillonnèrent en piaillant dans la caverne empoussiérée, en quête d’une niche, même minuscule. Après quelques tourbillons et des battement d’ailes frénétiques, elles disparurent enfin dans une fissure de la voûte.
— On va bien voir si ça marche, dit Scovich avec un optimisme modéré.
D’un ton faible mais vaillant, Elto appela son oncle. Avec le peu de force qui lui restait, il se hissa sur un coude.
— Racontez-moi une histoire du temps où on allait à la pêche.
Hoh Vitt eut une lueur soudaine dans le regard, aussitôt remplacée par la peur. Il répondit lentement :
— Caladan… Oh, oui, les jours anciens.
— Non, mon oncle, pas aussi loin.
— Oui, mais ça me semblait mieux ainsi.
— Vous avez raison.
Lui et l’oncle Hoh avaient embarqué dans un coracle, ils avaient longuement louvoyé entre les paddies luxuriants de riz pundi, et les bancs d’algues. Ils avaient passé des jours dans l’écume du ressac des récifs de corail. Là, ils plongeaient pour cueillir les coquillages avec leurs couteaux afin de détacher les nodules inflammables qu’on appelait des gemmes coralliennes. Dans ces eaux magiques, on trouvait des poissons-ventilateurs, l’un des grands délices de l’Imperium, qui se consommaient crus.
— Caladan, dit le fusilier Deegan d’une voix somnolente. Vous vous souvenez combien l’océan était vaste ? Il semblait s’étendre aux quatre horizons. Sur le monde entier.
Hoh Vitt avait toujours été un très bon conteur, avec des histoires surnaturelles. Pour ceux qui l’écoutaient, il savait inventer les choses les plus extravagantes. Sa famille et ses amis s’en faisaient un jeu excitant : ils lui lançaient une idée et il bâtissait une histoire… De sang et de mélange… D’un long-courrier lancé dans l’espace plissé… D’un championnat de bras de fer universel entre deux sœurs naines…
— Non, non, plus d’histoires, Elto, dit le sergent d’un ton apeuré. Repose-toi à présent.
— Mais tu es un Maître Jongleur, non ? C’est ce que tu as toujours dit.
— Je n’en parle guère, dit Hoh Vitt en se détournant.
Sa famille, depuis des temps ancestraux, avait appartenu à la prestigieuse école de conteurs de la planète Jongleur. Les hommes et les femmes de ce monde avaient toujours été les troubadours de l’Imperium. Ils visitaient les familles royales et les grandes familles pour les régaler d’histoires et de ballades. Mais la Maison Jongleur avait sombré dans la disgrâce quand on avait révélé qu’un grand nombre de conteurs étaient des agents doubles au service de Maisons antagonistes. Plus personne ne leur accorda crédit. Lorsque les nobles rejetèrent ses services, la Maison Jongleur abolit son statut au sein du Landsraad et elle fut dépouillée de ses fortunes. Les longs-courriers de la Guilde ne firent plus escale sur la planète. Les infrastructures et les constructions de Jongleur, jadis croissantes, dépérirent et, suite à cette session, de nombreuses innovations apparurent dans le domaine de la distraction : les holoprojections, les livres-films et les enregistreurs shigavrille.
— Mon oncle, il est temps de me ramener sur Caladan. Je ne veux pas rester ici.
— Je ne peux pas faire ça, répondit Oncle Hoh d’un ton infiniment triste. Nous sommes tous coincés sur ce monde.
— Alors faites-moi croire que je suis là-bas comme vous seul savez le faire. Je ne peux pas mourir dans cet endroit infernal.
Avec un cri perçant, les deux chauves-souris distrans venaient de ressurgir. Agitées, déroutées, elles voletaient dans la pièce tandis que Scovich tentait de les capturer. Même elles, n’avaient pu s’enfuir…
Les hommes avaient gardé une faible trace d’espoir, mais le retour des chauves-souris distrans leur arracha des grognements de détresse. Le regard d’Oncle Hoh alla de son neveu aux hommes avec une expression déterminée et dure.
— Du calme, tous !
Il s’agenouilla près d’Elto, les yeux brillants de larmes… ou d’autre chose.
« Ce garçon a besoin d’entendre ce que j’ai à dire. »
Elto s’étendit, les yeux mi-clos. Il se préparait à écouter les mots qui imprimeraient des images de souvenirs à l’intérieur de ses paupières. Le sergent Vitt était assis, rigide, soufflant à fond pour recouvrer son calme et se concentrer sur son étrange talent, tout en ravivant les feux de son imagination. Pour réciter le genre d’histoire dont ces hommes avaient besoin, un Jongleur devait atteindre le calme absolu. Il leva les mains et agita les doigts selon l’usage ancien, suivant les figures transmises par des générations de conteurs, un rituel destiné à rendre l’histoire aussi bonne que pure.
Fultz et Scovich s’agitèrent, mal à l’aise, avant de se rapprocher pour ne perdre aucun mot. Hoh Vitt porta sur eux un regard vitreux. Il les voyait à peine. Mais il lança un avertissement rauque :
— Nous sommes en danger.
Fultz éclata de rire en levant ses mains graisseuses vers le plafond sombre et les murailles de roche.
— Du danger ? Dis-nous quelque chose que nous ne savons pas.
La voix de Hoh était lourde de tristesse. Il aurait tant aimé ne pas recommander Elto pour ce corps prestigieux. Le jeune homme continuait à se considérer comme un élément étranger mais, ironiquement – parce qu’il était resté dans la ligne de feu et avait détruit une pièce d’artillerie –, il avait fait preuve de plus de courage que tous les autres soldats endurcis.
Hoh Vitt sentait la perte qui l’attendait. Ce jeune homme splendide, rempli de rêves et d’espoirs, les siens mais aussi ceux de ses parents, de son oncle, allait mourir sans avoir accompli sa promesse étincelante. Il se tourna vers les autres soldats et lut leur souci, leur admiration. Il ressentit alors un instant de fierté.
C’est dans l’arrière-pays de Jongleur, une région rurale de collines où Hoh Vitt avait grandi, que vivait un type spécial de conteurs. Même les habitants de la région soupçonnaient ces « Maîtres Jongleurs » de sorcellerie et autres pratiques. Ils étaient capables de tisser des histoires comme autant de toiles d’araignée mortelles et, afin de protéger leurs secrets, ils avaient préféré se retirer sous une cape mystique.
— Mon oncle, dépêchez-vous, demanda Elto d’une voix ténue et paisible.
Le sergent Vitt, d’une voix plus intense, se pencha sur lui.
— Tu sais comment mes histoires commencent toujours, n’est-ce pas ?
Il toucha le pouls de son neveu.
— Vous nous mettiez en garde de ne pas trop croire, de ne pas oublier qu’il ne s’agissait que d’histoires… sinon, cela pouvait être dangereux. Nous pouvions même y perdre l’esprit.
— Je te le répète, mon garçon. (Oncle Hoh se tourna vers tous les autres.) Ainsi qu’à tous ceux qui écoutent.
Scovich pouffa d’un rire moqueur, mais tous les autres restèrent silencieux et attentifs. Ils pensaient peut-être que cette mise en garde faisait partie du processus, une illusion qu’un Maître Jongleur avait besoin de créer.
Après une pause, Hoh fit appel aux techniques de mémorisation amplifiée des Jongleurs, une méthode pour transférer des quantités de données afin de les garder à l’abri pour les générations futures. Il appela la planète Caladan dans son esprit avec ses moindres détails.
— J’avais une aile-bateau, dit-il avec un doux sourire avant de décrire ce qu’était la navigation sur les mers de Caladan. Il se servait de sa voix comme d’un pinceau, choisissant ses mots avec soin, comme des pigments mélangés par un artiste. Il s’adressait à Elto, mais l’histoire hypnotique enveloppait le cercle de ses auditeurs comme un tranquille tourbillon de fumée.
— Toi et ton père, vous êtes venus avec moi pour des parties de pêche qui duraient des semaines. Ah, comme je me souviens de ces jours d’autrefois ! Nous péchions de l’aube au crépuscule sous le grand soleil. Je dois dire que nous appréciions ces moments de solitude douce encore plus que les poissons que nous prenions dans nos filets. Nous étions trois compagnons dans une aventure parsemée d’incidents drôles.
Dissimulés dans ses paroles, il y avait des signaux subliminaux. Sentez le vent salin, les algues, l’iode. Prêtez l’oreille aux vagues, au claquement lointain d’un poisson bien trop gros pour qu’on l’amène à bord.
« La nuit, quand nous étions à l’ancre au milieu des algues insulaires, nous restions longtemps sur le pont à jouer au triple échec sur un échiquier fait de perles plates et de coquilles d’ormeaux. Les pièces étaient taillées dans l’ivoire translucide des défenses de morses du sud de Caladan. Tu t’en souviens ? »
— Oui, mon oncle, je m’en souviens.
Tous les hommes murmurèrent. Le récit du Jongleur était pour eux aussi réel que pour le jeune homme qui avait vécu ces moments.
Écoutez les chants hypnotiques des invisibles murmurènes cachées dans un banc de brouillard qui ondule sur les eaux tranquilles.
Le linceul de douleur qui enveloppait Elto se resserra et il eut le sentiment qu’il allait partir là-bas, ailleurs dans le temps, enlevé à l’enfer où il était. L’air épais qui sentait la moisissure devenait frais et humide. Il ferma les yeux et sentit la caresse tendre des brises de Caladan sur sa joue. Il respirait les brumes de son monde natal, la pluie criblait doucement son visage, les vagues mourantes léchaient ses pieds. Il était debout sur la plage rocheuse, juste au-dessous du Castel Caladan.
— Quand tu étais jeune, tu étais toujours en train de t’ébrouer en riant et de nager avec tes amis. Tu t’en souviens ?
— Je…
Elto sentit sa voix se fondre avec celle des autres.
« Nous nous souvenons, marmonnèrent-ils avec révérence. »
Tout autour d’eux, l’air était devenu oppressant. L’oxygène était rare.
Un autre brilleur s’éteignit, mais les hommes n’en prirent pas conscience : ils ne ressentaient plus la souffrance.
Voyez l’aile-bateau croisant telle une nageoire rasoir dans le soleil éblouissant puis un coup de vent chaud sous le ciel chargé de nuages.
— Je faisais du surf sans planche, dit Elto avec un faible sourire.
Fultz toussota et ajouta l’un de ses souvenirs :
— J’ai passé un été dans une ferme au-dessus de la mer à récolter des melons paradans. Est-ce que vous n’en avez jamais goûté un qui sortait de l’eau ? C’est le fruit le plus délicieux de l’univers.
Même Deegan, encore stupéfié, se pencha pour dire :
— J’ai vu un élécran, une fois, il faisait nuit et il était très loin – oui, je sais qu’ils sont rares mais ils existent bel et bien. Ce n’est pas seulement une légende de marin. On aurait dit une tempête électrique sur la mer, mais c’était vivant. On a eu de la chance parce que le monstre ne s’est jamais approché de nous.
Le fusilier s’était montré hystérique peu avant, mais il y avait une telle solennité dans sa voix que tous le crurent.
Nage dans l’eau qui caresse ton corps. Imagine que tu es totalement immergé dans la mer. Les vagues t’enveloppent, elles te portent et te protègent comme les bras d’une mère…
Les deux chauves-souris étaient restées accrochées au plafond depuis qu’elles avaient été libérées, mais elles tourbillonnèrent et tombèrent sur le sol, privées d’air dans leur tombe.
Elto se souvenait des jours anciens de Caladan, des récits enjolivés de son oncle lors d’une cérémonie de famille. Régulièrement, Oncle Hoh s’efforçait de s’écarter de son histoire, prenant grand soin de rappeler à son auditoire qu’il ne faisait que raconter.
Mais, cette fois, il ne s’interrompit pas.
Prenant conscience de cela, Elto fut effleuré par la peur, tout comme un rêveur qui ne peut quitter le rêve. Il parvint à succomber et, avec ce qui lui restait de souffle, il s’efforça de dire :
— Je vais aller dans l’eau… je plonge de plus en plus profond…
C’est alors que tous les autres soldats purent entendre les vagues, sentir la mer. Et ils se souvinrent du murmure des mers de Caladan…
Le murmure devint un grondement.
Dans les ombres de velours d’une nuit claire sur Dune, des récupérateurs Fremen sautèrent du haut du Mur du Bouclier jusqu’aux cailloutis, tout en bas. Leurs distilles estompaient leurs silhouettes et ils disparurent en un instant comme des insectes dans les crevasses.
La plupart des feux d’Arrakeen avaient été maîtrisés. Les nouveaux régisseurs Harkonnen avaient regagné le siège du gouvernement, la cité de Carthage. Ils allaient laisser la cité des Atréides ravagée, comme une cicatrice noire, un rappel aux yeux du peuple.
Pour les Fremen, la guerre à mort que se livraient la Maison Atréides et la Maison Harkonnen ne signifiait rien – les familles nobles étaient des intruses sur la planète du désert sacré qui leur appartenait depuis des milliers d’années, depuis la fin de l’Errance. Depuis des siècles, ils avaient porté la sagesse de leurs ancêtres et un dicton de la Vieille Terre qui disait que chaque nuage était doublé d’or. Les Fremen allaient utiliser les morts ensanglantés de ces Maisons royales à leur avantage : les distilles de mort des sietch auraient amplement à boire avec tous ceux qui étaient tombés dans la bataille.
Les patrouilles Harkonnen sillonnaient le secteur, mais les soldats se souciaient peu des bandes furtives de Fremen qu’ils poursuivaient pour le plaisir du sport et non dans un programme de génocide. Les Harkonnen étaient aussi indifférents aux soldats Atréides enfermés dans le Bouclier, considérant que tous avaient dû périr et que leurs cadavres pouvaient rester à jamais sous les rochers.
Du point de vue Fremen, les Harkonnen n’avaient même pas la valeur de leurs ressources.
Ensemble, avec leurs mains nues et leurs simples outils, les récupérateurs se mirent à creuser, dégageant un tunnel étroit entre les rochers. Quelques rares brilleurs les éclairaient.
Grâce aux sons qu’ils captaient et à leurs observations attentives, les Fremen savaient où devaient se trouver les victimes. Ils en avaient déjà dégagé une dizaine ainsi qu’une cache précieuse de provisions. Mais à présent, ils approchaient d’une ressource plus précieuse : la tombe d’un détachement complet de soldats Atréides. Ils s’acharnèrent durant des heures, suant dans leurs distilles, ne s’abreuvant que de rares gouttes d’eau récupérée. L’eau qu’ils allaient trouver vaudrait bien des anneaux et, pour un temps, ils seraient riches.
Mais quand ils surgirent dans la cave, ils se trouvèrent devant un cercueil de pierre entouré par une odeur de mort. Certains crièrent, mais d’autres marmonnèrent des prières superstitieuses à Shai-Hulud. Il s’en trouva pour s’avancer plus loin et raviver la clarté des brilleurs maintenant qu’ils étaient hors de vue des patrouilles de nuit.
Tous les soldats Atréides gisaient là, comme s’ils avaient succombé durant une étrange cérémonie de suicide. Un homme se dressait au centre du groupe et, quand les Fremen s’en approchèrent, il s’écroula sur le côté et un jet d’eau sortit de sa bouche. Les Fremen la goûtèrent. Elle était salée.
Ils reculèrent, un peu plus effrayés encore.
Deux jeunes hommes, prudemment, examinèrent les corps. Les uniformes des Atréides étaient humides et tièdes, ils sentaient la moisissure. Tous les morts avaient les yeux grands ouverts, avec une expression de contentement et non d’horreur, comme s’ils avaient partagé une même expérience religieuse. Leur peau était humide… et elle se révéla plus bizarre encore quand les Fremen la tranchèrent.
Les poumons de tous ces morts étaient remplis d’eau.
Les Fremen fuirent alors et refermèrent la caverne. Plus tard, elle devint un endroit légendaire et interdit, un récit merveilleux que les Fremen se transmirent de génération en génération.
On ne sut comment, enfermés dans une caverne obscure au fond du désert aride, tous les soldats Atréides étaient morts noyés…